Les premiers signes d'autisme chez un tout petit : Notre expérience avec Yéyé
Les premiers signes d'autisme chez un tout petit : notre expérience avec Yéyé
Par Marianne Laforte
Rédaction : 2016-12-29
Révision : 2025-06-08
Je partage ici mes observations personnelles à propos de Yéyé. Ces remarques concernent l’époque où elle avait entre 2 et 3 ans. Aujourd’hui, à plus de cinq ans et avec un langage beaucoup plus développé, certaines observations ne s’appliquent plus.
Indépendance ou autonomie
Yéyé est super indépendante. Que dis-je... Ultra. Méga. Extrêmement indépendante. Et incroyablement autonome. Son autonomie et son indépendance sont hors proportion par rapport aux enfants de son âge. Elle peut facilement se débrouiller pour attraper des canneberges ou du pain sur le comptoir, grimper sur le dit-comptoir pour accéder aux armoires plus hautes ou grimper sur les tiroirs du congélateur pour accéder au frigo et y chercher un yogourt.
Avec du recul, on voyait surtout une enfant débrouillarde, ce qui n’apparaissait pas comme un problème. Au contraire, cela pouvait même sembler être une qualité.
Retard de langage
Alors qu’une amie, âgée de seulement quelques semaines de plus, faisait des phrases complètes, Yéyé en était aux deux mots, souvent modifiés ou incomplets.
J’ai arrêté de comparer, pensant que son amie était simplement en avance. Mais au fil du temps, son retard s’est révélé significatif — et cachait autre chose.
Dans sa bulle
Yéyé n’entend pas toujours les consignes… ou ne les écoute pas.
Parfois, elle choisit tout simplement de ne pas écouter, comme tout enfant réfractaire à une consigne peu intéressante. Mais à d’autres moments, elle semble absorbée à un tel point qu’elle ne réagit pas du tout : en pleine activité de pâte à modeler, ou en train de s’habiller pour aller jouer dehors à 20 h 30, alors que j’essaie de la convaincre de prendre un bain…
Et puis, j’ai fini par comprendre que, parfois, elle ne comprenait tout simplement pas ce qu’on lui demandait. La suite des mots, le débit, les intonations étaient difficiles à saisir pour elle.
Peu d’intérêt pour les autres
Elle avait des difficultés à tisser des liens affectifs avec les amis de la garderie. Cela faisait presque deux ans qu’elle était dans la même garderie, sans jamais s’intéresser aux autres. Aucun attachement, pas de réel intérêt.
Automutilation
Quand elle était contrariée, en colère ou frustrée, elle avait commencé à se cogner la tête au sol ou contre les murs. Peu avant ses trois ans, elle a commencé à se donner des coups de poing dans l’abdomen.
Son éducatrice, qui l’avait vue se frapper le visage à la garderie, a tenté de rediriger ces gestes en l’encourageant à viser son ventre plutôt que son visage.
Manger des trucs non comestibles
Petite, Yéyé mangeait littéralement tout : livres cartonnés, crayons de cire, bois, gypse, laine minérale, calfeutrant, etc. Plusieurs incidents ont nécessité un appel au centre antipoison : ingestion de vitamines pour adultes, de poudre de maquillage, pilules contraceptives…
Elle était en recherche de sensations. Hypo ou hypersensibilité ? Nous ne savions pas, mais c’était flagrant.
La propreté : un long défi
Ce fut un long trajet, l’amener vers la propreté. Une année pour régler les pipis, et une année et demie supplémentaire pour les selles.
C’est finalement la gomme – oui, un simple chewing-gum ! – qui a permis d’enclencher le premier processus.
J’ai appris par la suite que cela pouvait être encore plus long et compliqué pour les garçons.
Dans les faits, avec le recul, je pense que c’est plutôt lié à chaque enfant, qu’il faut accompagner avec bienveillance dans ce processus. Et oui, c’est possible qu’un enfant ne soit jamais propre.
L’âge des premiers doutes
Yéyé a toujours été une boule d’énergie. Son retard de langage, lui, est devenu évident autour de ses deux ans. L’écart avec les autres enfants se creusait, et à deux ans et demi, le rendez-vous chez le pédiatre nous a donné trois prescriptions : évaluation en orthophonie, en audiologie et évaluation développementale.
C’est lors de ce rendez-vous que la médecin a remarqué son regard fuyant et sa difficulté à soutenir un contact visuel.
Pour lire toute l'histoire : Le vrai début des démarches: entre espoir et perte de repères
L’autonomie
L’autonomie a toujours été présente. Yéyé est une petite boule d’énergie. Son retard de langage et ses défis de communication l’ont rendue extrêmement débrouillarde. Elle grimpe incroyablement bien. Elle ne pointe pas, ne demande pas : elle va chercher ce dont elle a envie ou besoin.
Intérêts spécifiques
Ses intérêts à deux ans ? Casse-têtes, blocs, et quelques films. Elle pouvait compléter des casse-têtes complexes avec une facilité qui dépassait largement celle des enfants de son âge.
Si cela ne nous semblait pas significatif à l’époque, nous avons compris par la suite...
Lire l’histoire complète : Survivre aux intérêts spécifiques
Pour nous
Quand j’ai partagé les résultats de ma visite avec son éducatrice, elle était soulagée, mais aussi attristée.
« C’est ma petite cocotte à moi aussi, tu sais », m’a-t-elle dit.
Et oui, je savais. Elle était très attachée à Yéyé. Et Yéyé l'adorait.
C’est d’ailleurs pourquoi, même avec les recommandations de notre médecin de changer pour un Centre de la petite enfance (CPE), nous avions choisi, à ce moment-là, de rester dans notre milieu familial, où Yéyé était entourée d’amour et de bienveillance.
C’est le partage de ces observations avec notre pédiatre qui nous a aidés à aller plus loin dans les démarches. Cela nous a permis d’avoir le billet du médecin pour une évaluation TSA/TO-1.
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